lundi, septembre 26, 2005

Notre séjour en Slovaquie!

Bonjour à tous, comme promis voilà un compte rendu de mon récent séjour en Slovaquie où je viens de participer à l’open TATRY au cœur des montagnes Tatras qui servent de frontière entre la Slovaquie et la Pologne pour vous situer un peu. Nous étions 3 joueurs du club de Cappelle-la-grande (Bruno Marchyllie, Xavier Blonde et moi-même) invités dans le cadre d’une échange avec le club de Bratislava, organisateur de cet événement.

Il y a une galerie de photos en ligne, vous pourrez ainsi suivre le résumé au travers des photos pour mieux vous faire une idée sur ce qui est raconté.
http://photos05.aol.fr/NASApp/ygp/Login?event=DirectView&shareInfo=mFQYMXJcDsXj%2bBl6jgWKRXsjZYL6vRq2aEV%2fsbsGzr1WGd%2bBXiXp6w%3d%3d&pageName=AlbumViewFromEmails&locale=fr

Je vais séparer ce résumé en 2, d’abord le tournoi en lui même puis notre vie extra échiquéenne sur place , avec visites et dégustations, mais avant cela je tiens à commencer par ce qui m’a vraiment choqué dès notre arrivée : la magnifique forêt dans laquelle l’hôtel était situé l’an passé a été totalement dévastée par les violents orages de novembre 2004, incroyable paysage de désolation aux alentours de l’hôtel… Ayant vu et connu cette foret grâce à ma participation l’année dernière j’ai pu observer brutalement la force destructrice de la nature. La vue sur la vallée était devenue beaucoup plus dégagée cette année, mais c’est une trop faible compensation, très triste. (Photos 1 à 10, la 10 ayant été prise l’année dernière pour montrer la même vue avec les arbres et bien se rendre compte de l’ampleur du désastre)

Place au tournoi. L’open des Tatras est un très fort open de 200 joueurs, dont 150 CF à +2000 et environ 10 titrés, donc aucune partie facile. 6 ou 7 pays sont représentés, avec une grosse majorité de Slovaques et de Tchèques, mais aussi des Hongrois, Polonais, Russes et une délégation française de 6 joueurs dont nous 3. Les conditions de jeu étaient excellentes, une belle salle moquettée quoiqu’un peu chaude parfois dans l’hôtel 3 étoiles normes locales, mais il fallait s’acclimater aux coutumes locales tant au niveau du matériel que des comportements. Ce sont des jeux slaves, le roi n’est donc rien d’autre qu’un gros fou, et les fous sont bicolores, mais on s’habitue rapidement. La cadence était d’1h30 pour 30 coups puis 1h KO sans rajouts de temps, et les pendules digitales n’avaient pas le design de celles que l’on connaît ici. Les feuilles de parties n’avaient rien de classique non plus, et pour avoir son double il fallait un carbone qui exigeait de simples manipulations mais déjà trop complexes certains jours pour les inattentifs français, il suffit de demander à mes compatriotes. On ne serre pas la main avant de commencer une partie, mais les gens sont sympathiques dans l’ensemble. Les boissons alcoolisées sont proscrites dans la salle de jeu, je me suis fait sortir par l’arbitre parce que je buvais une petite bière en regardant la partie de mon coéquipier ! Dernière chose, les rondes sont à 18h, excellente initiative surtout dans cette belle région, ça nous laissait la journée pour visiter et bouger un peu, mais ça implique que le repas était servi à 17h ! Assez perturbant surtout que le repas du midi était à heure normale et souvent copieux. On jouait donc bien rempli et l’ouverture correspondait à la digestion, il fallait donc un effort supplémentaire de concentration car une erreur est vite arrivée, surtout si le repas était accompagné de boissons locales pas spécialement reconnues pour augmenter les capacités échiquéennes, même si beaucoup continuent les tests de manière régulière. (photos 11 à 17)

Je vais procéder ronde par ronde. Pour la 1ère partie, je joue un Slovaque à 2023 avec les blancs. Mon ouverture est peu convaincante, je vais prendre comme excuse la fatigue des 20h de route et notre arrivée à 2h30 du matin, ainsi que les 2 repas pris en 5h de temps. Mon adversaire obtient donc une bonne position mais se trompe en voulant plus et perd un pion. Par chance ou par réussite sa position devient subitement très dangereuse et je n’ai pas d’autres choix que d’entrer dans une jolie variante de perpétuel. Nulle en 23 coups.

Ronde 2, je joue un autre Slovaque à 2066, avec les noirs cette fois. Rien d’extraordinaire, le contre gambit Albin ne m’a pas donné toutes ses possibilités tactiques, mais il m’a permis de terminer avec un pion de plus et a eu le mérite de faire réfléchir mon adversaire au point que celui ci est tombé au 25ème coup.

Les rondes 3 et 4 se jouaient le même jour. Pour la 3ème partie j’étais apparié à une jeune joueuse Tchèque à 2101 alors qu’elle n’avait pas encore 14 ans ! Je réalise sans doute ma plus belle partie du tournoi, tactiquement sur le fil, tout se joue à peu de chose, il suffit de voir la position délicate de mon roi dans la position finale, mais j’avais bien évalué. Gain en 23 coups.

A 2,5/3 mon tournoi était bien lancé, par contre la ronde du soir a été très difficile et j’ai eu le contre coup du voyage, la partie du matin m’enlevant le peu de fraîcheur qu’il me restait. J’étais vraiment très fatigué, d’ailleurs j’oublie bêtement un coup simple contre un 2168 dans une variante que je croyais complexe mais intéressante, je me retrouve avec un pion de moins dès le 7ème coup, sans compensation… Surprise, 10 coups plus tard mon adversaire me propose nulle. Merci le élo. C’est la version officielle, mais pour justifier mon manque de combativité, je suis le 1er à critiquer les nulles courtes, j’ai du trouver une explication autre que l’excuse de la fatigue et de la position désavantageuse. Il faut savoir qu’en Slovaque, « Remi » signifie « nulle », même si je préfère « partage du point ». Après 16 coups, mon adversaire me demande « Rémi ? », croyant qu’il me demandait mon prénom j’acquiesce, et là il me baragouine quelques mots en Slovaque mal articulé car je n’ai rien compris et me tend la main que j’ai serré pensant qu’il venait simplement de se présenter… la nulle était conclue, trop tard. Voilà l’autre version. Autre chose, ça me permettait de faire une 4ème partie de moins de 30 coups, j’évitais donc encore une fois le seuil où il fallait manipuler le carbonne.

Enfin une bonne nuit de sommeil et me revoilà de nouveau en pleine forme pour affronter un Tchèque à 2134. Je pense avoir joué une très bonne partie bien précise et très dynamique dès l’ouverture, il n’a pas eu le temps de jouer son jeu. Gain en 34 coups.

Je me suis donc retrouvé à 4/5, invaincu en ayant joué 5 joueurs dangereux, mais avec un plus petit élo que le mien. Je commençais à « apprécier » les avantages d’être un « grosélo » de 2241. Ca ne pouvait bien entendu pas durer tout le temps et Ronde 6 je tombe sur un MI Tchèque à 2370. Avec les noirs, je joue mon début hippopotame, souple et solide. Je souffre toute la partie mais je m’accroche efficacement, et faute de trouver de gain dans cette position avantageuse il force un peu le destin mais ça me permet de me libérer. La fin se joue dans un zeitnot mutuel en moins de 2min dans la phase KO, et cet exercice m’est favorable. Merci aux nombreux blitz joués en soirée. (ndlr : à noter la belle série de Rémy, c’est le 4ème MI d’affilée battu en partie longue !)

Me voilà dans le groupe leader de 8 joueurs, seul en dessous des 2350. Je joue un MI de 60 ans à 2392 avec les blancs. Il me bat à la longue en travaillant un micro avantage dans une finale de fous avec une technique irréprochable, je pense que face à un non titré j’aurai sans doute annulé. Il a su tirer le maximum de sa position, rien à dire. 1ère défaite du tournoi.

Je continue sur la lancée avec un autre MI à 2364. Cette fois mon hippopotame n’a pas résisté car j’ai joué trop stéréotypé sans l’adapter au système de mon adversaire. Il trouve une belle conception et je me fais dominer tactiquement en 23 coups.

Le vendredi soir c’était la dernière soirée avant la fin du tournoi, et elle s’est terminée en séries de blitz animés en 2-2 entre français, avec la participation amicale de quelques slovaques ou hongrois très doués à cet exercice et chambreurs de folie. Chouette soirée à peine gâchée par l’annonce des appariements de la ronde 9 qui me fait jouer face à mon compagnon de voyage Bruno Marchyllie… faire 1700km ensemble pour se jouer….Enfin bon, ça a permis de prolonger la soirée encore un peu et de se reposer le lendemain après notre courte nulle.

Total 5,5/9 contre une moyenne à 2198
Perf à 2278
Je gagne quelques points FIDE, environ 8.

Je vais citer aussi le résultat de mes partenaires qui ont vécu cette semaine en terre Slovaque avec moi.
Bruno Marchyllie 2162 réalise 5,5/9, soit un très bon tournoi, notamment grâce à la ronde 9, avec un gain de 15-20 points qui le verront revenir à un élo plus conforme à son niveau de jeu. Il a d’ailleurs sérieusement accroché le n°1 du tournoi Stojcek à 2592.

Xavier Blonde 1800 a souffert un peu plus car toutes les parties étaient difficiles, on trouvait des +2000 jusque dans les dernières tables. Il réalise 2/9.

Le soir de dernière ronde, nous avons été conviés par l’organisateur à une soirée de clôture Slovaque dans une Koliba (auberge) avec repas au feu de bois, et dès la fin de ce repas nous avons repris la route. (Photos 18-19)

Un grand merci à Mr Sturk, organisateur de l’événement, qui nous a reçu de façon impeccable.

Voilà pour le tournoi, prétexte au tourisme dans cette belle région de Slovaquie. Je vais essayer de vous faire partager ce que l’on a pu vivre sur place, avec notre parcours au jour le jour accompagné de photos pour les visites, tandis que pour ce qui est de l’alimentation il vous suffira d’imaginer manger une bonne grosse saucisse fumée bien grasse et juteuse au petit déjeuner.

En fait l’alimentation n’est pas aussi exotique qu’on peut le croire en lisant cette dernière phrase, ce sont les mêmes aliments que chez nous mais cuisinés un peu différemment. Beaucoup de pommes de terre, de choux ou de galettes de pain en accompagnement, et les viandes sont souvent améliorés avec de la sauce ou du fromage. Au midi on a eu de la soupe à chaque fois en entrée, à base de paprika, choux et légumes divers. On a tout testé, avec aucun repas purement occidental, Bien entendu chaque repas était accompagné d’une bière locale, la Slovaquie en possède une bonne 10aine, toutes servies en ½ litre. La principale reste la Zlaty Bazant. Sinon pour fêter nos victoires ou nous consoler après nos défaites il nous est arrivé au soir de goûter les alcools locaux, dont la Zlivovica ou la Borovica, ou la très populaire Becherovka tchèque, mais avec modération, sans dépasser le stade de la simple dégustation. Il fallait bien s’imprégner des saveurs locales pour découvrir ce beau pays et sa culture.

Nous sommes arrivés là bas dans la nuit du vendredi au samedi vers 2h30, bien crevés après 20h de route. 1ère bonne surprise, aucun souci pour trouver l’hôtel même en pleine nuit, la vue étant très dégagée comparée à l’an passé où ce même hôtel était dissimulé dans les arbres… Idem un fois à l’accueil, notre chambre nous attendait sur simple présentation de nos papiers. Commencer à négocier en slovaque en pleine nuit aurait été amusant mais pas nécessaire. Le samedi, pointage puis visites des alentours avec la jolie station de STARY SMOKOVEC située à 2km. Sans doute la plus chic station de ski du pays, capitale touristique des hautes Tatras.

Le dimanche était notre 1ère journée complète pour rayonner dans la région, et on en a profité pleinement, même si ce fût la seule fois où on a eu quelques courtes averses. En partant vers l’ouest, nous avons visité le château d’ORAVSKI PODZAMOK construit sur un piton rocheux très à pic. Pour vous faire une idée, c’est là qu’a été tourné le 1er Dracula, et si vous avez peu d’imagination ou pour vérifier l’idée que vous vous en étiez fait regardez les photos 20 à 24. Sur la route, on a pu également apprécier le cadre très reposant de la magnifique église en bois de LESTINY (photos 25 à 27), ainsi que le manoir en bois de VYSNY KUBIN (photo 28), et enfin la visite du château de LIVAVKA après une petite grimpette fatale à mes partenaires vaincus la ronde suivante. (photo 29)

Le lundi était la seule journée à double ronde, mais la coupure du midi nous a permis de goûter les spécialités locales dans un beau resto de POPRAD, grosse ville du coin, assez moche en périphérie mais avec un centre piéton agréable, surtout en terrasse avec une glace, baignés par le soleil à observer la population locale.

Mardi, départ vers l’Est pour une nouvelle bonne journée de visites, avec le plus grand château médiéval d’Europe à SPISSKE POHDRADIE. (photos 30 à 34) Vraiment énorme, et en plus mes partenaires ont su éviter la grimpette en trouvant la route vers le parking. Juste avant, un arrêt à la méconnue SPISSKA KAPITULA, sorte de couvent fortifié assez inattendu (photos 35-36). Le midi repas à LEVOCA (photos 37-38), ville fortifiée très bien conservée, avec une place centrale entourée de jolies maisons couleurs pastelles et avec plusieurs églises centrales. Ce n’est pas notre passage près de ces églises qui nous a fait jouer correctement, même si elles sont en général toutes superbement entretenues (photo 39).

Mercredi déjà, et pour changer on part vers le Nord visiter la grotte de glace de DOBSINKA. 145 000 m3 de glace, avec des tunnels dans la glace et –2°C toute l’année, seule fois où on a du sortir le manteau. Fin de journée à KEZMAROK, avec son château et ses rues piétonnes bordées de maisons colorées (photos 40-41).

Jeudi, dernière journée de promenade, direction la frontière Polonaise au nord avec le monastère rouge de CERVENY KLASTOR en plein verdure (photos 42 à 45), proche de la rivière Dunajec qui sert de frontière (photo 46). Sur le retour arrêt à STARA LUBOVNA où on peut se balader dans un musée en plein air constitué de vieilles maisons en bois du début du siècle dernier au pied du superbe château (photos 47 à 53).

La dernière journée le vendredi a été consacré au repos avant le grand départ du lendemain et aux achats et souvenirs divers à POPRAD et STARY SMOKOVEC.

Et enfin samedi, ronde au matin puis repos le reste de la journée avant la soirée dans la Koliba avec un repas au feu de bois, invités par l’organisateur. Nous sommes repartis directement après la fin du souper vers 21h pour 18h de route.

Voilà pour notre emploi du temps détaillé, comme vous le voyez ça ne laissait pas beaucoup de temps pour les préparations ou le travail des ouvertures, mais nous analysions nos parties à chaque fois entre nous accompagnées de blitz en soirée, le meilleur des entraînements (photos 54 à 56).

Autant l’an passé nous avions eu la chance d’observer une faune abondante et variée (renard, biches, piverts, écureuils, …), cette année nous n’avons rien vu qui ne soit pas empaillé…(photos 57 à 63). La disparition de la forêt n’est pas innocente là dessus, et nous n’avons pas fait de grande randonnées dans les endroits préservés.

La Slovaquie est encore très rurale sur une grande majorité de son territoire, et plusieurs fois on voyait des paysans en charrette tirées par des chevaux ou de nombreuses vieilles personnes en tenues traditionnelles (photos 64 à 66). Il y a aussi une population de Roms, tziganes sédentarisés, qui vit dans la misère dans des bidons villes parfois, et qui vend des champignons au bord des routes pour quelques Sk (couronnes Slovaques), c’est assez choquant.

La vie sur place est très avantageuse, pour vous donner une idée, la bière 50cl au bar de l’hôtel était à 22Sk, soit 0,60€ environ, ou les glaces 3 boules à 0,50€... Le retour en France a été dur.

En souvenirs, l’artisanat du bois cité dans le guide était pratiquement inexistant, ce n’est pourtant pas la matière 1ère qui manquait… Le cristal de la bohème était lui présent, mais restait assez cher. Il a donc fallu se rabattre sur des souvenirs plus liquides comme une belle bouteille de Zlivovica par exemple, entre autres…

Que dire d’autre ? Je crois que le résumé est suffisamment complet , simplement remercié encore fortement les clubs de Bratislava et Cappelle-la-Grande, et Mr Sturk pour nous avoir invités dans ces conditions d’accueil et de jeu idéales avec vraiment une semaine agréable.

A bientôt.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Trés joli reportage, et surtout trés jolies photos. Chapeau

Anonyme a dit…

C'est quasiment parfait !
On s'y croirait.
Une mémoire phénoménale (+ de 2 secondes) alliée à une belle écriture rendent ce reportage très complet et intéressant.
Encore bravo pour la qualité du travail.
Je reviendrai...

Anonyme a dit…

Pas mal le blog rémy ^^